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Kenya, Ouganda, Ghana, Nigeria, Côte d’Ivoire… de nombreux pays africains sont secoués par des manifestations contre la baisse du pouvoir d’achat. Cette colère sourde et diffuse s’amplifie à tel point que, dans ses dernières perspectives économiques consacrées à l’Afrique subsaharienne, publiées fin octobre, le Fonds monétaire international (FMI) s’est inquiété, pour la première fois, d’une montée de l’« agitation sociale ». « Alors que les troubles sociaux étaient en diminution en Afrique subsaharienne et dans le reste du monde, on observe désormais une résurgence dans la région », peut-on lire dans le rapport.
Sur un continent où les dépenses sociales sont amputées par le remboursement d’une dette de plus en plus coûteuse, et où les hausses de prix taillent dans le pouvoir d’achat et aggravent la malnutrition, les conditions de vie sont de plus en plus précaires. « La pauvreté, le manque de débouchés et la mauvaise gouvernance, conjugués à des augmentations du coût de la vie et à des difficultés à court terme liées aux ajustements macroéconomiques, nourrissent les frustrations sociales », résume le FMI.
Ces manifestations sont durement réprimées. Celles contre la hausse des impôts au Kenya ont fait au moins 60 morts depuis janvier et conduit à des dizaines d’arrestations. En Côte d’Ivoire, 25 membres de la plateforme citoyenne Agir pour le peuple ont été arrêtés en septembre alors qu’ils préparaient une marche « pacifiste ». Seize d’entre eux ont été condamnés à six mois de prison ferme pour « troubles à l’ordre public ».
Au Ghana, la justice a interdit, fin juillet, tout rassemblement au motif que la police manquait de personnel pour encadrer les manifestations, qui se multipliaient. Au Nigeria, la répression des manifestations a fait au moins 21 morts en août, alors que les prix alimentaires ont bondi de plus de 40 % sur un an, et qu’une partie des subventions au carburant a été supprimée. C’est la pire crise économique qu’a connue le pays en trois décennies.
Les pays pauvres souffrent des mêmes déboires qu’ailleurs sur la planète, en pire. Même si l’inflation ralentit, les prix à la consommation – entre 10 % et 15 % supérieurs à leur niveau d’avant la pandémie – restent élevés. Or, contrairement aux pays riches, les gouvernements des nations pauvres sont incapables d’amortir le choc pour les habitants. Eux-mêmes doivent couper dans leurs dépenses sociales ou de santé et même augmenter les impôts pour couvrir leurs lourdes dettes, plus chères à rembourser à cause de la hausse des taux d’intérêt. Les créances absorbent au moins 60 % du budget du Kenya, ce qui a conduit son président, William Ruto, à imposer des augmentations d’impôts en dépit des manifestations.
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